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LA MORT N'EXISTE PAS
J'ai le droit de l'écrire et de me laisser envahir par cette pensée soudaine issue d'une flânerie parmi les arbres et les jonquilles.
Les miens sont morts et ne reviendront plus pour me parler de leur amour de mère et de père encordés dans la même vie tout en baisers de frayeurs et de bonheur.
LA MORT N'EXISTE PAS
J'ai le droit de l'écrire parce que je les aime encore à chaque battement de mon coeur même lorsque je dors. Et si l'écume sur les joues de la Terre ne m' a jamais ramené leurs corps, poussières d'or emportés au-delà des vagues du temps, ils sont là, invisibles, indivisibles parents de mes jours présents.
LA MORT N'EXISTE PAS
J'ai le droit de l'écrire parce que je ne le dis ni ne le crie, parce que je pense au couple d'amoureux, à leurs mains soudées à l'existence, porteurs d'espérance, génèse de mon enfance, si forts d'avoir pu tout vivre, tout donner, si beaux de s'être livrés à leur amour d'amants, de résister, de renoncer et souvent de vaincre leurs ombres sans miroir, leurs souvenirs uniques d'avant leur rencontre, d'avant leur avenir, si fiers de m'avoir laissée au milieu des couleurs et de leurs paysages, des notes et de leurs et de leurs symphonies afin de perdurer la vie, de la mener vers l'instant éblouissant qui silencieusement signe ces mots d'une seule certitude: l'amour existe au-delà de la mort...
Suzâme
(14/04/11)
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Tout est dans l’être.
Et ceux qui se fient à l’allure, aux habits et même à l’âge, se trompent sur eux-mêmes.
Là où vous voyez une ombre, éclot une lumière.
Et que dire des couleurs de son âme, donc de la vôtre que vous ne regardez pas.
Tout est dans l’être.
Sa beauté lorsqu’il ne s’agit que de vivre à chaque pas, à chaque larme, à chaque caresse.
Sa sensibilité et vous n’imaginez pas ce qu’il recueille dans son âme.
Réceptif comme une feuille, l’être vibre des moindres mouvements du monde et vous ne le sentez pas, vous, étrangers à vous-mêmes !
Suzâme
(12/04/11)
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Sur le vide…
Au plus près de l’univers
ni le voir, ni le sentir.
Le vide est bien le pire
Comme l’infini désert.
Au plus loin de l’âme
Le vide est le contraire du rire
Comme la mort d’une flamme.
Suzâme
(12/04/11)
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Amour tu m’étonnes
Bourrasques de mon cœur
Corps insatiable
Don de l’être
Eternel complice
Fruit de mes déserts
Gardien de mes ombres
Hymne de mon existence
Idéal de l’Autre
Joie du jour
Kermesse de mes songes
Lettre de l’univers
Mère de mon âme
Nudité faite lune
Origine des mots
Pâtre contre mes peurs
Roue de mes vertiges
Sorcier de mes douleurs
Tendresse de mes nuits
Utopie d’un port
Voracité de vie
Wagon d’étoiles
Xese enchanteur (*)
Yatagan de chair
Zeus endormi.
(13/04/11)
N.B. Est-ce l'Alphabet? La Poésie? L'Amour? Jamais je n'aurais cru écrire ainsi. Je suis partie dans une danse incontrôlable sur un défi d'Auryne.
(*) Xese parce que mes yeux tremblent.
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Elle avait, au bord de son immense assiette extrêmement lisse, quelques mots qu’elle écartait pour les regarder un par un.
Au centre de son plat en carton bleu ciel, Taïna avait réuni pour midi quelques amis : un escargot, une coccinelle, une libellule et une chenille. Pour eux, pour elle, l’enfant inventait une ronde sans fin qu’elle fredonnait dans sa tête à l’insu des réalités.
Pour qui la surprendrait, de sa voix fluette, la petite fille nous dirait que de temps en temps, elle se fermait les oreilles avec ses mains pour imaginer le verbe vivre et le verbe aimer.
Taïna rapprochait certains mots de l’escargot qui d’ailleurs s’en offusquait et se retranchait. Que ferait-il, lui, du «bruit», de la «guerre» et même de l’ «océan » ? Le mollusque même apprivoisé préférait se retrouver seul – «sans façon, la Terre !» – bougonnait-il à sa comparse opportune. Elle ignorait qu’il savait tout d’elle et du monde.
Elle enlaçait d’autres mots à la coccinelle toujours prompte à s’envoler. Des mots pour la retenir devant son assiette de fillette affamée de contes : «Couleur» pour la joie, «câlin» en cas de besoin, «danse» pour l’espace et le mouvement de ses rêves de petite sorcière de nuit. Des mots à garder, à regarder pendant la sieste, dans son lit, lorsqu’elle rejoint d’autres anges dans un long dortoir qu’elle s'obsède à fuir par ses silences et ses songes.
Taïna avançait délicatement la libellule au milieu de ce qu’elle se racontait, au cœur de l’assiette vide. Elle n’était pas possessive. Chacun avait sa vie. D’autres mots séduisaient l’insecte magique, vivant comme eux, à la moindre pensée. « Promenade», «rivière», «tendresse». Rien pour alourdir la jolie bestiole, fée de l’enfer de la faim recroquevillée dans ses ombres, réduite à une position banale et quotidienne, assise devant la grande nappe encore grasse des jours de festin et des couverts aussi secs que des pelures oubliées d’une plantation.
Heureusement que la petite demoiselle a réfléchi ce matin, au lever des orphelines, avant d’attraper le papillon vagabond même si ses merveilleuses acrobaties la tentaient jusqu’à le poursuivre. Non, elle préférait la chenille, toute petite comme elle. Taïna l’alimentait un peu trop avec ses derniers mots retenus pour son menu hybride : «coquelicot» pour les yeux de l’intérieur, «feuillage» pour les frissons et «grandir», puis «partir» ; des mots qui décideront demain la métamorphose, de la chenille en petite fille, de la petite fille en papillon.
Suzâme
(inédit)
(10/04/11)
N.B. Je vous laisse la libre interprétation de cette scène composée à partir de la vision d'une petite fille et d'une drôle d'assiette. Ses conditions de vie se sont dévoilées au fil des mots de Taïna, prénom haïtien. L'étonnant livre "La grammaire est une chanson douce" d'Eric Orsenna, dévoré il y a quelques années, m'a peut-être inconsciemment influencé.
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