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     Cathédrale Saint-Etienne à Châlons-en-Champagne

    Trop court, ce séjour a réjoui mon cœur à l’idée de retrouver mon amie Natalia, de découvrir sa famille, son lieu de vie et sa ville où elle habite depuis un peu plus d’un an qui la passionne tant. Quel guide précieux et chaleureux !

     Nous n’étions jamais venus dans cette région où trois villes se toisent dans l’adversité historique et commerciale :

     Reims, http://www.reims-tourisme.com/reims-champagne/decouverte-et-patrimoine.aspx

    Châlons-en-Champagne

    http://www.chalons-tourisme.com/patrimoine-religieux-chalons-en-champagne.php

     et Epernay http://www.ot-epernay.com/index.php/histoire

     

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    Caisse des dépots ou fameux château du marché

     

    La ville nous accueille avec trois beaux jardins ou jards entourés d’eau  dont un "à la française de cette belle ville entourée d’eaux, la Marne, le Mau, le Nau.

     

    Comme nous avons un chien, nous nous sommes tout d’abord promenés dans les trois jards. Le premier nous accueille avec cette maison classique en reflets sur l’eau - de quoi troubler le poète et sa quête des reflets d’un autre monde – et notre balade se poursuit à la rencontre de 4 belles sculptures de C. Carrillot Inca (1996) incarnant les saisons que vous pouvez mieux contempler  sur ce lien : 

    http://www.mes-ballades.com/51/ville-chalonsenchampagne.htm

     Voici les 4 muses et haïkus de saison choisis pour répondre à leurs charmes poétiques :

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    L’automne

     

     

     

    Vent d’automne

    Voyageur dans ce monde flottant

    J’ignore où tu vas.

     

    Masaoka Shiki

     

    (1866-1902)

    L’hiver

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    Me retournant pour voir

    L’homme que j’ai croisé

    Le brouillard

     

    Masaoka Shiki

     

    (1866-1902)

     

     

    Le printemps

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    Rien d’autre aujourd’hui

    Que d’aller dans le printemps

    Rien de plus.

     

     

     

    Buson Yosa

     

    (1716-1784)



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    L’été

     

     

     

    On lui demande son âge

    Elle montre une main

    Elle est vêtue d’été.

     

    Issa

     

    (1763-1827)

     

     

    Dans l’après-midi, Natalia nous a emmenés dans la Cathédrale Saint-Etienne, un édifice roman qui surgit lentement au début du XIIème siècle. Une relation de la paroisse lui avait prêté la clé de cet univers ajouré par de nombreux vitraux, baies et verrières donnant à ce lieu sacré, une notion d’éternité pour chaque regard porté sur ce chef d’œuvre qui aura consenti à toutes les influences après son incendie qui s'est produit en 1668, détériorisant l'ensemble de la façade sud, qui fut rebâtie à neuf de 1842 à 1846 en harmonie avec celle du bras nord.

    . La nef achevée en XIIIème siècle révèle le style de  l’art gothique, coeur de couleurs rayonnantes.

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    Vitrail

    Cette verrière a vu dames et hauts barons
    Étincelants d'azur, d'or, de flamme et de nacre,
    Incliner, sous la dextre auguste qui consacre,
    L'orgueil de leurs cimiers et de leurs chaperons ;

    Lorsqu'ils allaient, au bruit du cor ou des clairons,
    Ayant le glaive au poing, le gerfaut ou le sacre,
    Vers la plaine ou le bois, Byzance ou Saint-Jean d'Acre,
    Partir pour la croisade ou le vol des hérons.

    Aujourd'hui, les seigneurs auprès des châtelaines,
    Avec le lévrier à leurs longues poulaines,
    S'allongent aux carreaux de marbre blanc et noir ;

    Ils gisent là sans voix, sans geste et sans ouïe,
    Et de leurs yeux de pierre ils regardent sans voir
    La rose du vitrail toujours épanouie.

    José-Maria de Heredia
    Recueil "Les Trophées"
    (1842/1905)



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    Le lendemain, notre amie nous entraîna dans les vignes non pas de Dionysos,
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    un de mes dieux grecs préférés mais dans les terres d’une ses relations qui nous donna en exclusivité un cours sur l’étendue de la production de la région, le savoir-faire depuis des siècles. De l’origine  du champagne http://www.champagne.fr/fr/vin_rare.aspx?RubriqueID=191&LangueID=1

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    Culture de la vigne
    http://www.maisons-champagne.com/bonal/pages/08/04-01



    Puis sous un ciel au soleil souriant, nous avons achevé cette route de champagne, essentiellement sur les alentours d'Epernay par l'ultime dégustation  de cet alcool presque divin - un elixir dit-on pour les amoureux, une tentation pour les poètes peut-être  ! - dans une cave proposant toutes les saveurs traditionnelles et contemporaines.

     Lors de notre séjour en Champagne-Ardennes, j'ai vécu des moments inoubliables d'amitié. Natalia qui nous avait invités à dîner, m'a soudainement demandé de lire à haute voix un poème qu'elle m'avait inspiré et que je lui avais dédié link. Une émotion au bord des larmes pour quelqu'une comme moi toujours dans le vif des êtres et de leur âme. Ce n'était pas tout. En toute simplicité, elle - pianiste professionnelle, s'il vous plait -  s'installa devant son piano à queue, griffé "Rameau" à l'aspect laqué couleur écru et nous interpréta dans toute sa beauté presque éthérée, deux morceaux dont les préludes de Chopin. Combien j'ai regretté de ne plus me souvenir, oui, hélas, de ne pas reconnaître cette musique qui m'emplissait.(*)

    Son époux m'étonna en me parlant poésie, me questionnant sur mes goûts. Lui avait pour compagnon de chevet depuis sa jeunesse, le poète Saint-John Perse et surtout son recueil "Amers" dont voici un extrait :

     "...Et comme nous courions à la promesse de nos songes, sur un très haut versantde terre rouge chargée d’offrandes et d’aumaille, et comme nous foulions la terre rouge du sacrifice, parée de pampres et d’épices, tel un front de bélier sous les crépines d’or et sous les ganses, nous avons vu monter au loin cette autre face de nos songes : la chose sainte à son étiage, la Mer, étrange, là, et qui veillait sa veille d’Etrangère — inconciliable, et singulière, et à jamais inappariée — la Mer errante prise au piège de son aberration...."

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-John_Perse

    Leur fille, en pleine adolescence rayonnait avec son nouvel appareil photo, apprivoisant notre chien en le zoomant sans qu'il ne s'en formalise.

    Pour conclure, je suis heureuse de vous faire partager mes découvertes et impressions sur cette page plutôt personnalisée que culturelle. Nous avons été agréablement entraînés par notre amie Natalia dans cette valse champenoise que ce soit dans les vastes allées des trois jards communicants, la Cathédrale Saint Etienne et sa grandeur intime, les champs et les sarmants de vignes.

    Suzâme
    (18/06/12)



    N.B. Aujourd'hui je sais par Natalia qu'elle interprétait les préludes op. 28 de Chopin 
    http://www.youtube.com/watch?v=ef-4Bv5Ng0w


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