• constellaltion

     

    Renaître, revivre, tout refaire

    l’œil du loup est aveugle.

     

    Redire sans renoncer aux couleurs

    lumière lave sang.

     

    Retourner au ventre des fleurs

    l’amour révèle les amants.

     

    Relire les lignes de la terre

    les mots délivrent les cœurs.

     

    Renaître, revivre, tout refaire

    sans ombre, sans abîme

    Relier l’âme aux lèvres.

     

     

    A paraître dans "Ecrits sur ma paume", recueil en préparation

     

     

    N.B. Souvenir encore prégnant, ce poème composé dans les années 80 a été inteprété et mis en scène par une troupe de comédiens amateurs à Dugny (93) qui a vu entre mes vers, des apôtres annoncés mon désir comme un voeu pour le monde, de la  parole portée par un choeur aux derniers gestes sans voix.

     


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  • Ici, ce n’est pas un château pourtant la table est longue, immense. Au bout, l’homme au chapeau. Sais-je déjà qu’il est chasseur ? Il est aussi l’homme aux chiens. J’entends de ma place, assise sur un banc interminable, j’écoute son silence. Je sens aussi l’arôme de mon enfance à travers ses grandes assiettes de soupe au pain et la fumée qui  réchauffe mes attentes.

    Ici, c’est une maison au bord d’une route qui mène loin, trop loin, vers Paris.

    Et j’aime rester dans la pièce aux tableaux, à regarder fixement les murs où une tête de cerf, altière et immobile, paralyse mes rêves ; où les fusils soigneusement rangés me laissent sans réponse.

    Je suis petite comme le «Chaperon rouge», mon histoire préférée. Sage, un peu craintive… et l’homme attentif interroge mes yeux. Moi non plus je ne dis rien. Sa femme répond à ma petite présence par des gros baisers sonores qui m’impressionnent. Je ne suis pas tout à fait seule. Ici, tout est accueillant. A mes côtés, sur le banc de l’enfance, une autre petite fille du même âge mais riante, qui connaît ce lieu où nous nous rattachons, par cœur. C’est son royaume et elle m’a accepté moi, la petite de l’autre bout du monde, sa cousine de Paris, pour un temps inconnu puisqu’il n’y a pas d’école, pour un temps qui s’enfouit dans le non-dit.

    Oh ! la soupe est bonne, brûlante comme le silence de la pièce pendant le dîner. Enfin le bruit des cuillères résonne dans l’assiette rustique de nos solitudes.

    Je mange ma soupe, suspendue aux visages des grands, des ogres mais eux ne mangent pas les enfants, ils les gardent devant la cheminée, ils les sortent sur les chemins de campagne pour leur donner une bonne santé.

    C’est le soir, je ne veux pas aller au lit mais ne le dit jamais. La nuit m’éveille comme un univers où chaque étoile me murmure : «et ta maman ?» Alors, mon oreiller me cache les ombres tandis que je persiste à surprendre la moindre lumière sous la porte ou entre les volets fébriles de la chambre sombre et triste comme l’éloignement.

    C’est le soir, l’armoire me parle de ses secrets que je ne comprends pas. Moi aussi, j’en ai et je me les dis sous les draps, sous l’édredon, ventre de plumes, qui me rend malade.

    Quand je respire trop fort parfois ma tante avance vers mon visage aux fièvres intérieures, s’inquiète des battements de tambour de mon cœur haletant. Elle est forte et gentille. Je l’entends toujours venir avec son sirop guérisseur. Je ne veux pas dormir et ne sais pas encore pourquoi ? Il n’y a pas de pensées mais les murs renvoient cette éternelle attente du lendemain.

     

    Ecrit lors d'une journée découverte proposée et animée par l'Aleph - Résumé de la consigne: Premier souvenir à travers un lieu.(mémoire et imaginaire)

    (11/12/10)


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  • Bonjour à toutes et tous,

     

    Pour vous donner toute liberté de m'adresser vos commentaires, je reprends la nouvelle lettre de ma page d'accueil.

     

    "Longtemps je me pensais «poétesse»  puis au fil de mes rencontres de plumes féminines et parfois « d’auteurs de poèmes », j’ai appris que la belle désignation n’était pas d’usage depuis au moins le début du 20è siècles. Oui, le féminin de poète, «poétesse» a été discrédité, voire aboli. Est-ce parce qu’il rappelle le féminin des dieux, déesses – pourtant leurs pouvoirs ne nous ont-ils pas donné à rêver-  ou l’invisible pendant de «Dieu», à savoir l’absente.

    Alors que dire du mot «poète» ? Qualité ou qualificatif ? Jacques Prévert déclinait cette indentification ou apparentée. Est-elle trop lourde d’orgueil, de fierté, de poésie ? En me promenant le long et dedans les recueils,  j’ai compris cette transformation issue des modes et mœurs littéraires, aujourd’hui, essentiellement médiatiques.  Je l’ai  digérée, interprétée et me suis trouvée le profil  subtil de «porteuse de Poésie» puis que je n’ai point encore publié.

    Pour avoir griffonné et mise de côté cette expression qui m’esquisse «porteuse de Poésie », méditant sur mes tentations, tentatives impavides et surtout sur l’acte d’écrire, je l’ai retenue pour renommer mon blog, pour vous confier que je « porte » en moi la Poésie comme une fois, parfois comme une grâce et que j’aime la transmettre autour de moi, au-delà des livres, en parler tout simplement comme on parle de l’existence."

    (01/02/11)


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  • "...Les colères d'Hemingway contre la bêtise bourgeoise ne signifient pas autre chose. La littérature ajoute au plaisir de vivre, aide à se faire la malle, à larguer les amarres, à faire naviguer l'esprit à chavirer le coeur. Mais surtout, elle offre une revanche sur le réel, puisqu'elle modèle désormais notre façon de voir ce réel.Qui a lu sait qu'il peut défier le destin et inventer sa vie. Qui a lu sait qu'il peut agir et non subir. Qui a lu sait qu'il est lui-même personnage et auteur de roman. Qui a lu sait qu'il n'y a pas de distinction entre la littérature et la vie, parce que la littérature, c'est la vie..."

     

    Editorial sur Ernest Hemingway - Lire n°392 - Février 2011


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  • À UNE PASSANTE

     
    La rue assourdissante autour de moi hurlait.
    Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
    Une femme passa, d'une main fastueuse
    Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

    Agile et noble, avec sa jambe de statue.
    Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
    Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
    La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

    Un éclair... puis ta nuit! - Fugitive beauté
    Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
    Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

    Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être!
    Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
    Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

     

    Charles BAUDELAIRE

    Tableaux Parisiens - Les fleurs du mal


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