• Dans l'antre des sorcières avec Hauteclaire

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    Est-ce que vous me croirez si je vous dis qu’en ce jeudi 9 février alors que nous étions au centre de cette exposition, nous avons mutuellement décidé de ne pas interpeller
     
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     Belzébuth
     
    ni
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     Asmodée
     
     
     
    et encore moins
     
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    Astaroth
     
    Ah oui, nous nous étions retrouvées au Musée de la poste pour l’exposition «Sorcières Mythes et réalités»
     
    On apprend que les voyantes dites «hystériques et devineresses» sous le règne de Louix XIII étaient condamnées au même titre que les sorcières et la moindre femme «énervée » pouvait être considérée comme «possédée».  
     
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     "Convocation au sabbat de José de La Pena, peintre espagnol - 1938
    auteur de 18 tableaux racontant les procès en sorcellerie menés par Pierre de Lancre en 1609 dans le pays de Labord (province du pays basque)
    Musée basque de Bayonne
     
    En déambulant lentement, chacune de notre côté, tour à tour, nous nous laissâmes impressionner par des scènes de sabbat. Je frémissais de découvrir infanticide, antrhopophagie, licence sexuelle.
    
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    Scène de sorcellerie de David Téniers, peintre du XVIIIe siècle
     
    Espace étrange où chaque tableau ou gravure nous regarde, nous invite à explorer et pourquoi pas vivre un instant dans cette dimension des pouvoirs surhumains.

    Livres anciens sur les affaires de possession diabolique dans les couvents de Loudun en 1632, à Louviers au milieu du XVIIe siècle exposés comme des tentations pour des apprenties comme nous.  
    Les pratiques magiques au gré de petites poupées sculptées ou chiffons piquées plutôt trois fois qu’une m’effrayaient. Oh la petite nature !  
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        Cette page sur cette visite n’est pas vraiment culturelle parce que je ne saurais pas vous informer par un article érudit que vous pourrez aisément  trouvé sur le web mais j’ai beaucoup de joie à commenter notre rencontre.
    Il faut que je vous dise avant de vous quitter,  Hauteclaire m’a désenvoûtée devant une tasse de thé.
     
    Suzâme
    (18/02/12)
     
     
    Voici un site qui développe avec justesse le statut des sorcières
       
    Voici quelques poèmes inspirés d'un siècle à l'autre, nous sommes loin de la chasse aux sorcières. Les poètes les apprivoisent et cherchent en elles peut-être l'autre visage de leur muse.

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        La ronde du sabbat de Louis Boulanger
    (1806/1867)
       

    À M. CHARLES N.
     
    BALLADE QUATORZIÈME
     
    LA RONDE DU SABBAT. 
     
    Hic chorus ingenus
    … Colit orgia.
    Avienus.
    N’est-ce pas comme une légion de squelettes sortant horribles de leurs tombeaux ?
    Alph. Rabbe.
    La lune qui les voit venir
    En est toute confuse.
    Sa lueur prête à se ternir
    À ses yeux se refuse.
    Et son visage à cet abord
    Sent comme une espèce de mort.
    Saint-Amand.
     
    Voyez devant les murs de ce noir monastère
    La lune se voiler, comme pour un mystère !
    L’esprit de minuit passe, et, répandant l’effroi,
    Douze fois se balance au battant du beffroi.
    Le bruit ébranle l’air, roule, et longtemps encore
    Gronde, comme enfermé sous la cloche sonore.
    Le silence retombe avec l’ombre… Écoutez !
    Qui pousse ces clameurs ? qui jette ces clartés ?
    Dieu ! les voûtes, les tours, les portes découpées,
    D’un long réseau de feu semblent enveloppées.
    Et l’on entend l’eau sainte, où trempe un buis bénit,
    Bouillonner à grands flots dans l’urne de granit !
    À nos patrons du ciel recommandons nos âmes !
    Parmi les rayons bleus, parmi les rouges flammes,
    Avec des cris, des chants, des soupirs, des abois,
    Voilà que de partout, des eaux, des monts, des bois,
    Les larves, les dragons, les vampires, les gnômes,
    Des monstres dont l’enfer rêve seul les fantômes,
    La sorcière, échappée aux sépulcres déserts,
    Volant sur le bouleau qui siffle dans les airs,
    Les nécromants, parés de tiares mystiques
    Où brillent flamboyants les mots cabalistiques,
    Et les graves démons, et les lutins rusés,
    Tous, par les toits rompus, par les portails brisés,
    Par les vitraux détruits que mille éclairs sillonnent,
    Entrent dans le vieux cloître où leurs flots tourbillonnent.
    Debout au milieu d’eux, leur prince Lucifer
    Cache un front de taureau sous la mître de fer ;
    La chasuble a voilé son aile diaphane,
    Et sur l’autel croulant il pose un pied profane.
    Ô terreur ! Les voilà qui chantent dans ce lieu
    Où veille incessamment l’œil éternel de Dieu.
    Les mains cherchent les mains… Soudain la ronde immense,
    Comme un ouragan sombre, en tournoyant commence.
    À l’œil qui n’en pourrait embrasser le contour,
    Chaque hideux convive apparaît à son tour ;
    On croirait voir l’enter tourner dans les ténèbres
    Son zodiaque affreux, plein de signes funèbres.
    Tous volent, dans le cercle emportes à la fois.
    Satan règle du pied les éclats de leur voix ;
    Et leurs pas, ébranlant les arches colossales,
    Troublent les morts couchés sous le pavé des salles…
     
    Extrait «Odes et Ballades» de Victor Hugo   La soupe de la sorcière

     -*-*-*-
    m060704_0000610_p.jpg"Etude d'un sujet allégorique" de Rubens - 18è siècle 
     
    La Loreley
        à Jean sève

    À Bacharach il y avait une sorcière blonde
    Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde

    Devant son tribunal l'évêque la fit citer
    D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté

    Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries
    De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie

    Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits
    Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri

    Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries
    Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie

    Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley
    Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé

    Evêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge
    Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège

    Mon amant est parti pour un pays lointain
    Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien

    Mon cœur me fait si mal il faut bien que je meure
    Si je me regardais il faudrait que j'en meure

    Mon cœur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là
    Mon cœur me fit si mal du jour où il s'en alla

    L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances
    Menez jusqu'au couvent cette femme en démence

    Vat-en Lore en folie va Lore aux yeux tremblant
    Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc

    Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre
    La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres

    Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut
    Pour voir une fois encore mon beau château

    Pour me mirer une fois encore dans le fleuve
    Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves

    Là haut le vent tordait ses cheveux déroulés
    Les chevaliers criaient Loreley Loreley

    Tout là bas sur le Rhin s'en vient une nacelle
    Et mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle

    Mon cœur devient si doux c'est mon amant qui vient
    Elle se penche alors et tombe dans le Rhin

    Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley
    Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

    Guillaume Apollinaire
    (1880 - 1918) 
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    La soupe de la sorcière

    Dans son chaudron la sorcière
    Avait mis quatre vipères
    Quatre crapauds pustuleux
    Quatre poils de barbe-bleue
    Quatre rats, quatre souris
    Quatre cruches d’eau croupies
    Pour donner un peu de goût
    Elle ajouta quatre clous

    Sur le feu pendant quatre heures
    Ça chauffait dans la vapeur
    Elle tourne sa tambouille
    Et touille et touille et ratatouille
    Quand on put passer à table
    Hélas c’était immangeable
    La sorcière par malheur
    Avait oublié le beurre

    Jacques CHARPENTREAU

    et pour conclure quelques extraits de nos textoésies :

    "Retrouvailles de sorcières bien aimées. "Encore deux qui n'iront pas au bûcher", murmure un curé qui les avait remarquées..."
    Suzâme

    Réponse d'Hauteclaire :
    "Car bien sûr elles ne pratiquent que la magie la plus bénéfique. Celle de l'amitié..."

    « Pour Papier libre : «La nuit est un puits»Dinan, Dinard, St Malo...non je n'ai pas plongé dans l'eau »

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  • Commentaires

    9
    Mercredi 7 Mars 2012 à 00:52
    Hauteclaire

    Bonsoir Suzâme,

    je n'avais pu voir avant cette relation de notre visite dans l'antre des sorcières, ni les extraits que tu avais choisis.
    Une visite une fois de plus un grand moment d'amitié, nous rejoignant sur l'horreur des exactions pratiquées à l'encontre des femmes.
    Touche d'humour malgré tout avec cet oubli du beurre

    et une recette qui doit être savoureuse dans ton dernier commentaire  !

    Gros bisous en nocturne

    (quant à désenvouter, il me semble que les crèpes au chocolat étaient bien plus efficaces que moi   )

     

    8
    Lundi 20 Février 2012 à 17:45
    zazou

    La soupe de la sorcière... Certains de mes élèves ont choisi de l'étudier cette année. Poésie plaisante

    7
    Lundi 20 Février 2012 à 12:15
    libre  necessite

    un monde étrange et effrayant qui attire pour communiquer avec nos fantasmes. Pas étonnant que tant de poètes et d'écrivains ont été inspités. Bise Dan 

    6
    Lundi 20 Février 2012 à 09:54
    flipperine

    ah ces sorcières comme les enfants les craignent

    5
    Dimanche 19 Février 2012 à 20:31
    Carole Chollet-Buiss

    On dirait que tout le monde a commis ici peu ou prou le péché de sorcellerie... Puisque beaucoup citent les ouvrages de leur bibliothèque, j'indique aux amateurs que je possède pour ma part une réédition (en latin) du "Marteau des sorcières"du délirant Sprenger... Mais je préfère les Sorcières de Salem vues par Miller : cette pièce explique bien des choses...

    4
    Dimanche 19 Février 2012 à 14:13
    Catheau

    Nombre de sorcières qui furent brûlées avaient été sans doute victimes de l'ergot de seigle, une forme du mal des ardents. A lire sur ce sujet, La Sorcière, de Michelet : passionnnant !

    3
    Dimanche 19 Février 2012 à 09:34
    Esclarmonde

    Je pense que celles qui étaient estampillées "sorcières" étaient tout simplement des personnes dont les connaissances devaient faire de l'ombre à la science "officielle" et que c'est pour ça qu'elles ont été si pourchassé ! Cela m'aurait plus de voir cette expol mais c'est un peu loin de chez moi. Bises et bonne journée

    2
    Dimanche 19 Février 2012 à 09:19
    Nina Padilha

    J'ai eu, entre les mains, les grimoires d'Albert, le mauvais.
    Intéressants !
    La réédition de ces ouvrages est très... édulcorée. Lol !
    Bon dimanche !

    1
    Samedi 18 Février 2012 à 21:38
    ADAMANTE

    J'ai, quelque part dans ma bibliothèque le livre des "recettes du Grand Albert", un précis de magie absolument époustouflant, que ne peut on faire avec le gros orteil d'un pendu !

    Nous avons prévu d'aller visiter cette exposition, la diabolisation de la femme fit et fait encore hélas beaucoup de victimes. Entre la poupée à rubans et la sorcière si elle n'était au fond qu'un être... Bon week end Suzâme à bientôt.

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