-
Séjour à Châlons-en-Champagne, juin 2012
Cathédrale Saint-Etienne à Châlons-en-Champagne
Trop court, ce séjour a réjoui mon cœur à l’idée de retrouver mon amie Natalia, de découvrir sa famille, son lieu de vie et sa ville où elle habite depuis un peu plus d’un an qui la passionne tant. Quel guide précieux et chaleureux !
Nous n’étions jamais venus dans cette région où trois villes se toisent dans l’adversité historique et commerciale :
Reims, http://www.reims-tourisme.com/reims-champagne/decouverte-et-patrimoine.aspx
Châlons-en-Champagne
http://www.chalons-tourisme.com/patrimoine-religieux-chalons-en-champagne.php
et Epernay http://www.ot-epernay.com/index.php/histoire
Caisse des dépots ou fameux château du marché
La ville nous accueille avec trois beaux jardins ou jards entourés d’eau dont un "à la française de cette belle ville entourée d’eaux, la Marne, le Mau, le Nau.
Comme nous avons un chien, nous nous sommes tout d’abord promenés dans les trois jards. Le premier nous accueille avec cette maison classique en reflets sur l’eau - de quoi troubler le poète et sa quête des reflets d’un autre monde – et notre balade se poursuit à la rencontre de 4 belles sculptures de C. Carrillot Inca (1996) incarnant les saisons que vous pouvez mieux contempler sur ce lien :
http://www.mes-ballades.com/51/ville-chalonsenchampagne.htm
Voici les 4 muses et haïkus de saison choisis pour répondre à leurs charmes poétiques :
L’automne
Vent d’automne
Voyageur dans ce monde flottant
J’ignore où tu vas.
Masaoka Shiki
(1866-1902)
L’hiver
Me retournant pour voir
L’homme que j’ai croisé
Le brouillard
Masaoka Shiki
(1866-1902)
Le printemps
Rien d’autre aujourd’hui
Que d’aller dans le printemps
Rien de plus.
Buson Yosa
(1716-1784)
L’été
On lui demande son âge
Elle montre une main
Elle est vêtue d’été.
Issa
(1763-1827)
Dans l’après-midi, Natalia nous a emmenés dans la Cathédrale Saint-Etienne, un édifice roman qui surgit lentement au début du XIIème siècle. Une relation de la paroisse lui avait prêté la clé de cet univers ajouré par de nombreux vitraux, baies et verrières donnant à ce lieu sacré, une notion d’éternité pour chaque regard porté sur ce chef d’œuvre qui aura consenti à toutes les influences après son incendie qui s'est produit en 1668, détériorisant l'ensemble de la façade sud, qui fut rebâtie à neuf de 1842 à 1846 en harmonie avec celle du bras nord.
. La nef achevée en XIIIème siècle révèle le style de l’art gothique, coeur de couleurs rayonnantes.
Vitrail
Cette verrière a vu dames et hauts barons
Étincelants d'azur, d'or, de flamme et de nacre,
Incliner, sous la dextre auguste qui consacre,
L'orgueil de leurs cimiers et de leurs chaperons ;
Lorsqu'ils allaient, au bruit du cor ou des clairons,
Ayant le glaive au poing, le gerfaut ou le sacre,
Vers la plaine ou le bois, Byzance ou Saint-Jean d'Acre,
Partir pour la croisade ou le vol des hérons.
Aujourd'hui, les seigneurs auprès des châtelaines,
Avec le lévrier à leurs longues poulaines,
S'allongent aux carreaux de marbre blanc et noir ;
Ils gisent là sans voix, sans geste et sans ouïe,
Et de leurs yeux de pierre ils regardent sans voir
La rose du vitrail toujours épanouie.
José-Maria de Heredia
Recueil "Les Trophées"
(1842/1905)
Le lendemain, notre amie nous entraîna dans les vignes non pas de Dionysos,
un de mes dieux grecs préférés mais dans les terres d’une ses relations qui nous donna en exclusivité un cours sur l’étendue de la production de la région, le savoir-faire depuis des siècles. De l’origine du champagne http://www.champagne.fr/fr/vin_rare.aspx?RubriqueID=191&LangueID=1Culture de la vigne
http://www.maisons-champagne.com/bonal/pages/08/04-01
Puis sous un ciel au soleil souriant, nous avons achevé cette route de champagne, essentiellement sur les alentours d'Epernay par l'ultime dégustation de cet alcool presque divin - un elixir dit-on pour les amoureux, une tentation pour les poètes peut-être ! - dans une cave proposant toutes les saveurs traditionnelles et contemporaines.Lors de notre séjour en Champagne-Ardennes, j'ai vécu des moments inoubliables d'amitié. Natalia qui nous avait invités à dîner, m'a soudainement demandé de lire à haute voix un poème qu'elle m'avait inspiré et que je lui avais dédié link. Une émotion au bord des larmes pour quelqu'une comme moi toujours dans le vif des êtres et de leur âme. Ce n'était pas tout. En toute simplicité, elle - pianiste professionnelle, s'il vous plait - s'installa devant son piano à queue, griffé "Rameau" à l'aspect laqué couleur écru et nous interpréta dans toute sa beauté presque éthérée, deux morceaux dont les préludes de Chopin. Combien j'ai regretté de ne plus me souvenir, oui, hélas, de ne pas reconnaître cette musique qui m'emplissait.(*)
Son époux m'étonna en me parlant poésie, me questionnant sur mes goûts. Lui avait pour compagnon de chevet depuis sa jeunesse, le poète Saint-John Perse et surtout son recueil "Amers" dont voici un extrait :
"...Et comme nous courions à la promesse de nos songes, sur un très haut versantde terre rouge chargée d’offrandes et d’aumaille, et comme nous foulions la terre rouge du sacrifice, parée de pampres et d’épices, tel un front de bélier sous les crépines d’or et sous les ganses, nous avons vu monter au loin cette autre face de nos songes : la chose sainte à son étiage, la Mer, étrange, là, et qui veillait sa veille d’Etrangère — inconciliable, et singulière, et à jamais inappariée — la Mer errante prise au piège de son aberration...."
http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-John_Perse
Leur fille, en pleine adolescence rayonnait avec son nouvel appareil photo, apprivoisant notre chien en le zoomant sans qu'il ne s'en formalise.
Pour conclure, je suis heureuse de vous faire partager mes découvertes et impressions sur cette page plutôt personnalisée que culturelle. Nous avons été agréablement entraînés par notre amie Natalia dans cette valse champenoise que ce soit dans les vastes allées des trois jards communicants, la Cathédrale Saint Etienne et sa grandeur intime, les champs et les sarmants de vignes.
Suzâme
(18/06/12)
N.B. Aujourd'hui je sais par Natalia qu'elle interprétait les préludes op. 28 de Chopin
http://www.youtube.com/watch?v=ef-4Bv5Ng0w
Tags : saint, champagne, sans, ville, sous
-
Commentaires
A l'ombre légère des blanches statues, dans la lumière chaude des vitraux, au milieu des vrilles de la vigne, la musique de Natalia et celle de vos mots. Vous avez l'art de restituer le moment unique.
Bonjour Suzâme, un bel article et j'avoue, j'ai beaucoup aimé les ha¨ku et photos qui accompagnent. Belle soirée.
Je suis venue plusieurs fois pour profiter largement de cette page si riche . Tant de beautés pour s'imprégner d'art et d'histoire, tant de liens pour aprofondir, et puis le plaisir de partager cette belle rencontre .
Je ne connais pas encore cette ville, ton reportage m'incite à aller la découvrir.
Merci Suzâme, bisous, Plume .
Je ne suis jamais allée là-bas, mais Dieu que c'est joli !
Merci pour ce moment de partage.
Bises et douce journée.
(ton quichotrain sera dans la bibliothèque le 21 de ce mois.
http://quichottine.over-blog.com/article-le-train-des-livres-de-suzame-107121515.html
Merci encore, pour tout.)
Merci d'avoir partagé cette très belle dcouverte et ces sculptures avec des textes appropriés !
J'ai commencé à lire, à m'imprégner ...............la lumière de ces vitraux va me convenir à merveille pour emmener les plus exquis des rêves sous mes paupières fermées ............!
Ces rêves embrasseront de leur regard le chemin de ces sculptures divines .........
(je reviendrai)
Que ta nuit aussi soit douceur de vivre et de rêver, je t'embrasse : sabine.
Je lis ça Suzâme... Un moment amical et convicial on ne peut mieux partagé dans la région champenoise que demander de plus au cieux ! Merci à toi... Bises de jill
Comment ne pas te remercier de ce merveilleux billet où l'amitié rayonne, où les paysages que tu nous montres donnent envie de s'y promener, meri pour les textes, haïkus et autres sans oublier les liens ! Je viens de passer un délicieux moment !!!
Bon début de semaine - gros bisous
Une bien jolie balades, de Cathédrale en gisants, en statues magnifiques, et vignes divines, tu t'es régalée. Et comme j'ai visité la maison de Saint John Perse à Pointe à Pitre en Guadeloupe, je me suis retrouvée dans mon élément. C'était parfait ce dépaysement, pour moi aussi!
Ajouter un commentaire
une belle découverte...j'ai eu l'occasion de passer dans cette ville le mois dernier, j'ai photographié les "muses" des 4 saisons, la cathédrale et qq lieux de cette ville mais aussi à 8 km été stupéfiée par la somptueuse basilique de l'Epine...
merci pour ce moment de détente dans ton jardin