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L'Entre deux mères
L'une, fine silhouette, svelte, encore presque désinvolte des années 50, amoureuse de Paris, s'étonnant de toute cette incroyable culture exposée dans le moindre quartier vivant, amante et peut-être modèle d'un artiste ensorcelé, accouche d'un enfant dans la solitude d'un air nauséabond d'immoralité à laquelle l'époque la renvoie. Les mœurs libres des jeunes femmes sont encore sévèrement jugées par la famille et particulièrement par la gente masculine. L'une incarne l'amour avec toute l'anxiété du bonheur d'aimer, ses limites et ses secrets.
L'autre, un siècle après, que dis-je, l'espace d'une génération, prolongeant son adolescence entre l'insouciance et la réflexion, choisit de danser la liberté dont elle rêve sans idéologie, croit-elle? Après son aventure de l'émancipation, construite à travers quelques expériences inavouables même à sa meilleure amie, lorsqu'elle reconnait passion, peu après l'intense rencontre, c'est dans l'émerveillement qu'elle accouche d'un enfant, après l'ivresse de la grossesse qui la transforme en astre de chair et son désir plus fort que sa désillusion de «donner la vie». L'autre incarne l'amour avec tous les élans du besoin et du plaisir d'aimer, d'être aimée et sa confiance sans regrets.
Suzâme
(15/03/11)
Tags : autre, aimer, enfant, incarne, accouche
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Commentaires
Subtil écrit, des mots à peine touchés mais qui définissent si bien amitié dominique