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AMES SUR LE RIVAGE…
L’océan apaise ses vagues qui se retiennent, puis se retirent doucement. Quatre corps échoués parmi les roches et coquillages gravent le sable humide et accueillant.
L’un comme une tortue, repose sur son ventre docile, abandonné à tout. Ni poids, ni rêves n’encombrent sa lourde charpente de chair délivrée.
Le second est replié côté cœur. Silhouette d’adolescente, longue, fine, presque translucide. Rien ne l’éveille ni le léger ressac contre ses coudes et ses genoux trop apparents, ni son enfance dont elle n’aura plus à se rappeler le visage.
Non loin des algues fluorescentes mais survivantes, un arbre brisé, au feuillage flétri, gît comme un ancien géant de vie inutile et fragile. Tente-t-il de creuser la lagune, de rejoindre la terre ? Ses racines à l’envers refusent sa posture indécente face à l’horizon. Ses branches d’existence ont été arrachées à la lune.
Près de lui, un petit corps sur le dos. Sans regard sur le monde autour de lui. L'enfant semble endormi. Ses bras restent ouverts à la sagesse des hommes et des saisons.
Suzâme
(15/04/11)
Tags : corps, replie, cote, coeur, second
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Commentaires
c'est très beau, un beau texte qui donne à voir cette épreuve insoutenable, leur innocence face aux débordements.
La facture est lourde à payer!merci pour ton pasage chez moi, et pour ton invitation: ce texte est vraiment très réussi
Bonne soirée
Ton texte me laisse sans voix... et pleine d'amour pour toutes les victimes de ce monde! Bises
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Cela peut paraître paradoxal mais ce texte m'apaise...