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Bonjour à vous qui me suivez,
Paris, le lundi 15 août 2011. Une joie pure que la rencontre de mon amie Hauteclaire sous le soleil de Paris bigarré avec ses foules entraînées par l'été. Nous nous étions données rendez-vous dans ce Musée repéré lors de notre première rencontre au Jardin des Plantes.
Je ne m'attendais pas à contempler du Rodin ou du Maillol. Voici un petit aperçu des curiosités qui ont interrogés mon regard.
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"Demeure 1" d'Etienne Martin (1913-1995)
Nous l'avons contournée lentement. Ma tête fumait tandis que j'interprétais cette création contemporaine et qu'Hauteclaire virevoltait devant cette pièce abstraite que vous pouvez voir entièrement sur http://www.bluetravelguide.com/oeuvre/O0019427.html
J'y voyais plutôt de la tourmente, de l'enfermement parce que les seules ouvertures n'étaient pas des fenêtres sur la vie mais sur l'intériorité de l'humanité qui s'enroule, s'emmêle sur elle-même. Ce n'est pas le sculpteur qui me donnera ou non raison. Il crée probablement sur une autre planète.
"La grande fenêtre" d'Augustin Cardenas
(né en 1927)
Nous n'avons pas pu prendre plus de recul pour photographier l'oeuvre dans toute sa posture parce que nous serions tombées à l'eau. Pensez-vous! La Seine n'attendait que cela. Un pas en arrière, deux et nous étions dans son creux si accueillant. Non merci.
Ses formes blanches, lisses, hautes et rondes au milieu m'évoquant des seins me laissent penser que l'artiste d'origine cubaine était sensuel. Sa fenêtre sur le monde part du corps féminin, du corps maternel pour aller au-delà, vers tous les possibles. Graffitis poétiques? Des quidams armés de feutres épais et de bombes de peinture ont inscrit leurs messages codés ou signatures. Une agression pour l'oeil qui doit effacer cette trace inopportune pour s'abonner à ses observations ou rêveries.
"Hydrophage" de Jean-Robert Ipousteguy (1975)
Je ne sais rien non plus de ce sculpteur français. Le libellé qu'il donne à son oeuvre située dans un petit bassin d'où jaillit une modeste fontaine et l'étymologie du mot me donnent le champ libre pour le déclarer spontanément, allez, mangeur d'eau, ce qui veut dire pour moi, ex sirène, mangeur de vie. De quoi écrire une poésie surréaliste. J'imagine un enlacement entre cet être viril exposant sa force et une chose aux bras tendus ou tuyaux par lesquels l'eau domptée par l'humanité continuera à verser sa générosité.
Je choisis de m'arrêter à cette sculpture qui m'a le plus parlée. Hauteclaire se serait bien trempée les pieds dans le bassin pour saisir le nom du sculpteur, de même d'autres promeneurs comme elle, comme moi, brûlant du simple bonheur de découvrir en plein air, au bord de la Seine, d'étonnantes créations qui provoquent notre perception du monde.
Je remercie Hauteclaire qui en a eu l'idée. Parisienne à l'oeil ouvert sur la culture en marche, éveillée, aux aguets. Elle m'apporte le reflexe du photographe que je ne suis pas encore.
Si ces sculptures vous inspirent, n'hésitez pas à laisser vos pensées, impressions et poèmes en commentaires.
Suzâme
(18/08/11)
Ecritures croisées : A lire http://hauteclaire.over-blog.com/article-rencontre-de-blogs-6-81762427.html
5 commentaires -
Les trottoirs vides. Un grand silence de ville. Le jour débute son numéro d'aisance appelé « Petit matin ».
Théo rôde déjà dans son quartier préféré dessiné en grandes avenues. Sa promenade commence toujours Place de l'Etoile à Paris, capitale de vie et de survie.
Il est là depuis l'aube pour guetter le moindre trésor dépassant en principe d'une poubelle quand à environ deux mètres de ses pieds négligés, il surprend une haute valise rigide toute seule près d'une berline indifférente. Sans se poser de questions, il s'approche et ne voyant aucun quidam, la soulève afin que ses roues n'effrayent pas le bitume. Ne pas faiblir. C'est facile à dire. Il y a longtemps que ses bras ont perdu les muscles de sa jeunesse. Il fait vite pour contourner les lieux, l'endroit précis de sa chance. Non loin, il repose l'encombrant objet d'un coloris sobre, heureusement pour lui. Premier réflexe d'homme des rues, protéger sa prise en la maquillant. Alors qu'il peut enfin la faire rouler discrètement dans une des rues des alentours, il prend quelques immondices pour la travestir en bagage de S.D.F. (Suis Dans le Foin), puis d'une façon plus énergique s'éloigne du quartier pour rejoindre son amie la Seine et son acolyte d'existence, un pont sans nom.
Il préfère attendre toute la journée devant sa l'objet de sa convoitise en s'interrogeant ironiquement sur son contenu, en l'imaginant comme un enfant un peu vieilli devant une malle en or. Dans son coin de solitude lorsqu'il est vraiment sûr de ne pas le partager même avec un rat, même avec un chat, scrutateur de délires et de misère, Théo se parle à voix haute. Cela lui fait énormément de bien, le libère, le réconforte. Et il se dit:
« J'parie qu'il y a au moins deux costumes
et sur des cintres, s'il vous plait
Allez ! Quatre chemises mais pas de plumes
Deux gilets de soie, s'il vous plait
Cinq cravates de pendu: respect, séduction
Confiance en soi, amour propre, ambition.
J'parie qu'il y a des accessoires de toilette
qui sentent bon l'homme honnête
Une paire de pompes noires et luisantes
des chaussettes anglaises toujours partantes
Quelques catalogues richement spécialisés
pour clients trop bien rasés... »
A minuit, heure de Notre-Dame, il force l'imposant réceptacle avec un trombone de voleur, puis un canif de paysan. Cela ne suffit qu'à l'entrouvrir. C'est le roi de l'outil, monsieur Tournevis qui achève le travail sans esquinter la belle, la belle valise de l'Avenue de Wagram.
Il est stupéfait, bouleversé par sa découverte inespérée. Son regard s'allume sur une présentation de victuailles. De quoi se nourrir pendant une semaine sans bouger et contempler le fleuve, lui dire en poésie de pauvre, au poivre et à la guimauve, ses petits bonheurs et ses épreuves.
A l'intérieur, une mallette à l'ouverture facile, en matière plus souple, plus légère et dedans... Et dedans, incroyable! Deux rangées de conserves de luxe, s'il vous plait. Trois bonnes bouteilles de vin aux étiquettes de rêve. Tout pour un premier festin de lune. Et Théo ne s'en prive point, ralentissant ses gestes, ses mouvements de bouche pour déguster la richesse du mets. Il manque du pain, son seul chagrin.
Suzâme
(17/08/11)
8 commentaires -
Elle dira "Jour"
L'autre répondra "Soleil"
et Paris sera fleur
A vous qui me suivez,
Je suis revenue hier en début d'après-midi au Jardin des plantes. Je n'avais qu'une obsession depuis ma première visite : inonder mon regard de couleurs. Tout prendre de ce jaillissement féérique, presque sensuel. Me suis noyée dans les fleurs, cette fois-ci les cannas.
Je n'ai aucune connaissance jardinage et art floral. Je suis une promeneuse contemplative et non pas passive comme pourrait le laisser à penser ma démarche agréablement ralentie par ces jardins généreux, mes arrêts immodérés sur ces beautés affamées de soleil.
Elles ont des teintes mais aussi des noms : Champion, Centenaire, Emblême, Carnaval, Extase, Liberté, Montaigne, Eden...
De quoi parlent-elles? Justement les débats, les ébats de ces dames devaient être indécents. J'ignore quand mais une rumeur sévissant dans les allées répète aux passants imaginatifs que les jardiniers les ont séparées par nom et par couleur pour complicité d'insolence . Si jamais ces spécialistes les croient punies. Ils se trompent. Elles sont d'une gente florale qui s'adapte plutôt que de pleurer sur leurs frustrations. Je les ai observées comme des êtres à part entière. Le savez-vous? Elles frissonnent. Elles murmurent lorsqu'on tend vraiment une oreille de poète. Je vous le dis, elles soupirent d'être seules mais se trouvent d'autres confidents.
La douceur du vent parisien, le bruissement des pas qui parle d'existence, le langage de quelques êtres étranges sur leurs deux tiges mobiles et leur tête sans pétales qui s'apparente, confirmait l'autre jour, la Canna "Eden", a de la poésie, elle-même aussi indéfinissable qu'un parfum.
Quand les couleurs se font corps
Les fleurs s’exposent au soleil
Naissance de la vie, du bonheur
Les rêves sont ocres, roses, vermeilles
Essence de l’âme au regard nu.
Suzâme
(16/08/11)
Rendez-vous un peu plus tard en compagnie d'Hauteclaire au Musée de la Sculpture en plein air qui longe la Seine non loin.
A bientôt.
Suzâme
(16/08/11)
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Canna "Prince charmant" photographiée hier au Jardin des Plantes
Et la fleur est là
Généreuse comme l’être
Donnant l’essentiel
Couleurs et silence
Livrant son insouciance
Sous nos yeux, sous le ciel
Nous disant que paraître
C’est ouvrir l’au-delà.
Suzâme
(15/08/11)
Pour le 46ème atelier, nous vous proposons d'écrire un poème en étreinte.
L’étreinte est une généralisation du principe des rimes embrassées, disposées en miroir.
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L’univers n’existe pas. Le temps n’existe pas pour ce vagabond qui choisit un banc ou un pied d’arbre serein pour calmer son cœur, suspendre sa quête du bonheur.
Il est là sur un lit de lavande, les paupières entre deux rêves. Ses mains abîmées touchent la terre dont il vient. Des kilomètres, pendant une éternité, le séparaient de lui-même.
A-t-il souffert ? Sa silhouette trop fine de survivant étendue, peut-être apaisée, aurait en ville, à minuit, attiré toute méfiance et même pire le rejet coutumier des passants.
Ici, seule la lune pleine assiste à sa rencontre avec la nature bienveillante et, dans le silence le plus intime, à l’égrenage de ses souvenirs d’enfant.
Le parfum l’enveloppe, l’envoûte, devient murmure des fleurs. Il peut à nouveau ouvrir son regard sur les autres, repartir, retenir ses pas, poser son âme, non loin de ce champ mauve qui l’accueille, vers son village natal qui l’attend.
Suzâme
(14/08/11)
45ème salon d’écriture d’Un partage de mots : Une nuit à la belle étoile
Sans les mots étoile, nuit, tente, duvet
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