• Le jeu du vent amusait les rideaux. Et j’étais là, encore paralysé par les premiers gestes du soleil qui venait me chercher. Savait-il l’état de mon corps épuisé par la vie ? J’aurais voulu caresser l’étoffe pastel, la toucher pour sentir ce délicieux effet de la brise si matinale.

    Mais je restais comme aimanté à mon lit d’existence, braise sur les draps, rien qu’à l’idée de lumière, de couleurs, de parfums. Et ce voile qui dansait, m’attirait, me priait de venir, de tenter de vivre encore, de me lever, de m’élever, de m’élancer vers le dehors.

     

    J’ai trouvé la force en mon âme encore si jeune, si nue devant l’espoir. Et je me suis lovée à la fenêtre immense, soudain miroir d’incendie. Le souffle du feu embrasait les ultimes brindilles.

     

     

    Suzâme

    (23/08/11)

     

     

    Un partage de mots : Pour le 47ème atelier, nous vous proposons d'écrire un texte entre le début et la fin du livre "L’Enfant aux cailloux" de Sophie Loubière: "Le jeu du vent et du soleil amusait les rideaux." et "Le souffle du feu embrasait les ultimes brindilles."

     

    http://partagedesmots.forumprod.com/


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    En sais-je davantage sur les tigres que sur les bonzes ? Je suis pourtant un banc. A savoir que ma fonction première est l’étude des comportements assis et allongés bien qu'il m’arrive, lorsque je suis vide ou du moins lorsque l’absence prend toute son importance, je disais, il m’arrive de regarder au-delà de mon assise rigide.

    Je vis à Bangkok, probablement la ville la plus turbulente du monde et malgré mon ancienneté sur ce territoire bien placé, je ne me souviens pas avoir été autant éberlué que devant cette scène que je n’ai pas, par ailleurs, encore qualifiée.

    J’étais donc libre lorsque je surpris un jeune bonze en compagnie d’un tigre tout aussi immature, là, devant moi, au milieu de ma rue. Venaient-ils du fameux temple de Kanchanaburi ? Je fréquente pourtant les moines et pendant longtemps je les ai crus passifs avec leur calme légendaire surtout ici, en pleine cacophonie amplifiée par la foule de véhicules hétéroclites et d’humains. Ce qui m’autorise à avouer mon erreur de jugement. Un moine est vivant, comme moi, comme vous. A quoi cela se voit-il ? Tout simplement, il réagit.

    Celui-là promenait son fauve juvénile en laisse comme un gros chat aux mâchoires apprivoisées quand la bête sursauta à la vue de quelque chose d’inconnu ou d’inattendu. Etait-ce seulement sa manière d’être étonné ? Le moine sans nom semblait craindre que l’enfant sauvage ne lui échappât en toute force et agilité.

    Rien n’arrêtait le flot habituel et désordonné de mon repère aussi vaste soit-il. Je ne voyais que ce drôle de duo digne d’un sketch de cirque. J’eus beaucoup de mal à savoir ce qui avait troublé ce petit fou de la jungle et son sage alors qu’ils étaient menacés hélas d’un péril ordinaire, en cas de simple choc contre une navette de touristes ou contre tout autre obstacle habituel dans ce trafic incessant. Le tigron s’énervait, s’étouffait en tirant avec entêtement le bras de son maître que ses expressions métamorphosaient. Quoi ? Oui, cet être normalement impassible, s’inquiétait, s’opposait, interpellait, exigeait de l’autre, son compagnon de jeunesse, un minimum de discipline !

    Qu’est-ce qui les faisait traverser cette largeur de poussières, ce vacarme exclusivement terrestre ? D’où j’étais, je ne percevais que les étoffes coloriées et fatiguées, les bibelots racoleurs suspendus aux devantures des boutiques aussi grandes que des mouchoirs parisiens.

    Je n’aurais jamais rien su de la fin de cette scène inouïe pour moi que le quotidien endort, si une vieille femme ne s’était pas enfin assise sur mon corps immobile. Son comportement n’était pas rare puisque je pratique aussi ce genre d’expression : le monologue. Elle se parlait toute seule et c’était normal. Elle se racontait que le petit tigre avait surpris une sorte de dragon inspiré des légendes, si bien sculpté, que le félin l’avait sûrement pris pour un vrai. De plus, d’après l’un des témoins, colporteur de l’anecdote, l’animal encore naïf, aurait cru qu’il était aussi vivant, aussi heureux que lui de le rencontrer.

    La vie, conclue le banc, ravi de broder cette histoire au gré de son ennui, c’est peut-être après tout une question qui va au-delà de la matière !

      

     

    Suzâme

    (21/08/11)

      

      

     

    Défi 62 proposé par http://www.lilou-fredotte.com/ - Rêves d'écriture

    thème : "Tout le monde veut prendre sa place"

    Voilou Lilou

    Et

    C’est à moi qu’échoie le défi n°62

    mes choix et nez choux pas !

     

    C’est simple…

    Vous prenez la place d’un personnage

    ou d’un objet de votre chou  heu … 

    choix  sur l’image.

    Vous racontez son  histoire, ses émotions ou

    ses impressions.

    En prose ou en vers, 

    Vous pouvez

    soit  suggérer votre personnage

    soit jouer à la devinette !

     

     

     

     


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  • Bonjour les ami(e)s,

     

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     "Air" d'Auguste Mallol

     

    J'étais venue à l'avance me préparant intérieurement davantage à ma rencontre avec Anne Le Sonneur pour la dédicace de son premier livre publié aux Editions Lulu, "Le silence de la pierre"  qu'au lieu de promenade même si je n'avais pas flâné aux Tuileries depuis...non, vraiment je n'ose pas le dire, alors que mon adresse frôle Paris.

     

    C'est ce que j'appelle un événement et pour me distraire de mes émotions, j'ai ouvert mon regard sur ce jardin, certes bondé de touristes de toute la planète - mais je ne vous apprends rien - gardé par des statues, corps de femme aux formes magnifiques, n'inspirant que la beauté. 

     

    J'attendais Anne sous le petit Arc de Triomphe abritant quelques silhouettes pensives et n'ai pas hésité à l'appeler sur son portable. Comment nous serions-nous reconnues dans cette foule mais surtout en tant qu'inconnues? Je me suis brièvement décrite moins sur mes dimensions que sur mon allure. Un petit haut couleur "canna" et important... précisant que je n'étais pas asiatique. Chinois, japonnais et autres voyageurs d'asie piétinaient aussi ce sol de sable et de poussières. Puis, grand, grand moment pour toutes les deux: on s'est fait signe. Identification instantanée, bisous d'amitié, la vie quoi! 

      

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     "Nymphe" marbre 1866

    de Louis Auguste Levêque

     

    Et tout en faisant connaissance dans un échange où mes paroles pétillaient à chaque pas comme aimantées par son écoute, nous capturions ces déesses en plein air.

     

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    "Cassandre se met sous la protection de Pallas" 

    Marbre 1877 d'Aimé Millet

     

    Mes lectures du Blog d'Anne Le Sonneur, en personne, s'il vous plait, et celle de son conte publié n'étaient pas assimilées comme une science mais elles m'imprégnaient et me donnaient une approche encore plus riche, plus profonde de mon amie de plume. Nos propos nous amplissaient d'existence comme un langage essentiel traversé par la paix de deux âmes en quête.

     

    Ah vous nous trouvez sérieuses!

    Eh bien je vous insère cette petite merveille, un homme, un des rares qui s'expose en ce lieu culturel prestigieux.

     

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     "Thésée combattant le Minotaure" - Marbre 1821-1827

    d'Etienne Jules Ramey   

     

    Nous étions bien deux à cliquer sur nos appareils récents. Anne était la plus experte, l'oeil sur le qui-vive comme un oiseau léger, sans rêves inutiles. Tandis que je me précipitais dans toutes les directions, ivre de découvrir et de voir.

    Eh oui cela arrive à des gens tranquilles plutôt sérieux! Ah si vous saviez ! j'aurais écrit des poèmes à la terre entière, les aurais déclamer dans une douce folie de poète à Paris...

     

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    "Reclining Figure - Bronze doré 1951 d'Henry Moore

     

    Le jardin est vaste. On s'éloigne vite de la grande roue du Caroussel photographié avec la Nymphe par Anne, si je me souviens bien. Parce qu'elle a publié son article avant moi. Cela m'a épatée, stimulée parce que ce n'est pas très facile de se lancer dans un "carnet de promenades et de rencontres". Je vous rappelle que ce sont mes premières pages. Que dans ma vie entière, je n'avais jamais pris de notes sur mes vacances et séjours. C'est une preuve que les rencontres nous construisent. L'être est fait des uns et des autres et même lorsque je dis "Moi", je dis encore l'autre.  Avec Anne, la philosophie telle qu'on la perçoit et la ressent, était une évidence à chaque mot. Avec elle, j'étais bien comme en moi-même lorsque je médite pendant une trêve intemporelle.

     

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     "La foule" - bronze de Raymond Mason (1922/2010)

     

    Nous sommes sorties de ce site ensoleillé pour longer non loin la Seine, complice des foules et des confidents. Elle ne retient rien qui l'embête ou la provoque. Ce qu'elle aime, la Seine, c'est l'importance de chaque mot qui circule d'un être à un autre. Vous ne le savez pas. Mais après les avoir écoutés - et ces mots échangés par des inconnus sont parfois des déclarations d'amour, d'amitié ou encore des pépites de peines à ramasser, elle les garde pour elle. Quelques vagabonds de fleuve cherchent encore tous ses trésors..

     

    Nous n'avions pas prévu d'avoir les pieds dans le sable des "Plages" de Paris. Après notre face à face avec un château de sable rappelant les contes féériques, nous avons vite regagné un point stable pour nous désaltérer. Un café où j'aime donner rendez-vous aux personnes aimées situé sur la place du Châtelet.

    Moment des plus précieux. Pensez-vous donc! un tête à tête, simple et fort comme l'amitié. J'ai eu ma signature sur "Le silence de la pierre". Elle me parle maintenant. Et je suis aussi sereine qu'heureuse de ce partage des plus profonds.

     

    SI j'ai privilégié ici mon propos davantage sur ma rencontre avec Anne Le Sonneur que mes interprétations sur les oeuvres magistrales que je vous joins en partage, j'espère que vous me comprendrez..

    Je pense qu'elles me suggèreront un peu plus tard quelques poèmes qui surgiront de mon chapeau-tête de poète. J'ai confiance. Grâce à nos échanges inter-blogs, mes ami(e)s, nous nous stimulons sans cesse. Que nos sources d'inspirations perdurent!

     

    Merci à Anne pour cet après-midi, passerelle pour deux âmes, deux amies.

     

    Suzâme

    (21/08/11)

     

     

    Ecritures croisées : A lire "Rencontre" chez http://anne.lesonneur.over-blog.com/

     

     


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  • Parce que je nais chaque jour

    En poursuivant mon chemin…

     

     

     

    Je l’appelle éternité

    Ce sentier de mer

    Qui me trouve et me perd

     

    Je l’appelle amour

    Ce cordon céleste

    Qui me guide et me teste

     

    Qui suis-je sur ce chemin

    Que le bleu envahit

    Ne suis-je qu’un cri

     

    Entre les buissons de mûres

    Et l’horizon sans fin

    J’ai peur. J’ai faim

     

    Je l’appelle existence

    Ce chemin froid et brûlant

    Qui me parle à pas lents

     

    Je l’appelle Poésie

    Ce bras de chair et d’infini

    Qui m’attire, m’éblouit.

     

    Suzâme

    (19/08/11)


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  • DSC00208

     

    Ed. Lulu

    http://www.lulu.com/product/couverture-souple/le-silence-de-la-pierre/15915388?productTrackingContext=search_results/search_shelf/center/1

     

    A ma seconde lecture, j’ai tout ralenti. Mon regard et mon âme. J’ai retenu certaines pages sur lesquelles j’étais en communion.

     

    Ce livre est un chemin qui raconte le témoignage d’un survivant parmi une poignée d’êtres mais aussi de familles entières qui vécurent l’exclusion générée par la peur des villes et des villages.

     

    Ce malheur qui n’est jamais une fatalité mais la conséquence d’un comportement d’autoprotection de responsables citadins s’est-il déroulé hier ? – et c’est de la peste dont il s’agit – ou aujourd’hui avec le même rejet contre la différence, la maladie, la contamination … Ne l’avons-pas vécu récemment avec un virus qui a touché toute notre planète ?

     

    J’ai fait ce parcours dans la garrigue, en pleine solitude. J’ai écouté le silence de cet exode, de cet exil et chaque mot lu devenait un pas de plus vers la survie ou la mort salvatrice.

     

    Le personnage principal est esquisse sobre et pourtant c’est lui qui guide, qui porte, qui aide jusqu’au jour où, l’âme épuisée par la lutte et l’espérance, il se confie à un prêtre.

     

    Je n’en dévoilerai pas davantage sur ce conte d’une profondeur inouïe aussi généreux dans son message que peut l’être dans un instant ultime, la main du cœur sur notre épaule.

     

    Par ailleurs, J’ai vécu la joie de rencontrer pour la première fois, dans le parc des Tuileries inondé de touristes, l'auteure toute aussi discrète qu'attentive, à l'occasion de la dédicace de son trésor au langage poétique.

     

    Notre échange me nourrira encore longtemps. Et j'ai l'espoir de le renouveler au rythme de son âme.

     

    Je vous l'affirme. Anne est vivante au-delà de ses mots, de l’amour du silence. Sa sérénité est promesse d’une œuvre en attente et à venir.

     

    A lire lentement.

     

    Suzâme

    (18/08/11)


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