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Pression, dépression
relâche de la passion
S’épanche souffrance
C’est l’avalanche.
Son drap rougit
d’un soleil couché
d’un soleil caché
aux bras endormis.
Suzâme
(16/12/11)
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COMMUNIQUE DE PRESSE
Mathias Bloch a le plaisir de vous inviter à l’exposition
D'une rive à l'autre
PIERRE DUCLOU
1 décembre – 23 décembre 2011
du mardi au samedi de 15h à 19h et sur rendez-vous
Galerie Younique
63-65 rue Pascal 75013 Paris
Métro: Les Gobelins - Bus: 27, 47, 83, 91
La Galerie Younique vous invite à l’exposition «D"une rive à l'autre» pour découvrir, rencontrer et partager l’univers pictural de PIERRE DUCLOU.
De ses gravures récentes en passant par ses toiles libres, Pierre Duclou nous fait voyager dans un monde empreint de matière et de poésie."
Mon témoignage sur Pierre Duclou
Depuis toutes ses années sans se revoir tout en me souvenant de notre amitié mais surtout du commencement de son art dès l’âge de 16 ou 17 ans!...
Enfin j’exagère nous nous étions retrouvés il y a une dizaine d’années sur Paris pour une de ses expositions et avions eu un échange si profond sur nos vies et sur l’art que j’ai su que le temps n’existait pas entre les êtres qui se reconnaissent .
Lorsque j’ai décidé de me rendre à la galerie Younique qui le mettait à l’honneur au début du mois, j’ai un peu galéré dans les transports et chercher cette fameuse rue Pascal pour accéder avec enthousiasme à cette cour, puis m'introduire dans ce lieu de lumière qui exhibait son oeuvre dans l’espoir silencieux de le rencontrer. Un samedi ! pensez donc !
De beaux formats dans un petit espace blanc m’accueillaient en même temps que le Directeur de l’exposition, Mathias Bloch, ami de toujours de Pierre Duclou, le grand absent qui donnait ses cours de peinture habituels du samedi.
Je pris place sur la banquette confortable et accepta le café si cordialement proposé et nous avons conversé comme deux inconnus qui connaissaient l’Artiste à des époques différentes.
Je situe mes premiers souvenirs d’amitié liés à d’autres personnes marquantes encore aujourd'hui qui m’ont permis de faire sa connaissance entre 1972 et 1973. Pierre était heureux de créer tout en étant révolté contre la société. Il exprimait ses idées et développait un idéalisme combattif, peut-être seulement propre à la jeunesse de notre génération certes, mais aussi une fougue d’exister qu'il canalisait déjà dans sa perception et l'interprétation de chaque détail, empreinte, sinuosité, fissures, espace… transposés de sa tête énigmatique aux feuilles qui attendaient, qui acceptaient sa quête, sa cime et son dédale.
Précoce pour vivre, créer, aimer autant à l’adolescence, il m’étonnait, m’interrogeait. Lorsque j’approchais des trente ans, nous nous sommes revus alors que j’avais mes enfants, que je cherchais à résister, à me prolonger dans l’écriture de poèmes déjà menacée et il a soutenu ma personnalité, mes idées et tenté de me m’affranchir de mes limites en me donnant confiance en ma liberté de dire et d'inventer, en m’incitant à transmettre autrement que par l’édition. Poésie murale, recherche d’effets d’impression…
En 2011, j’aurai fait un pas qui m’importe alors que nous ne nous sommes pas revus. Je lui ai acheté un petit format que je n’aurais pas découvert si l’échange avec son ami Matias, ne m’avait pas rendu plus curieuse du moindre recoin de la galerie.
Avant de quitter l’antre pictural que j’ai aimé explorer en toute ignorance, j’ai baigné mon regard dans ses couleurs nouvelles, des mondes inconnus ou imaginaires surgis des entrailles de la terre, de la mer et du cosmos.
Suzâme
(16/12/11)
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Elles se replient
l'une dans l'autre
Elles s'amplifient
L'une vers l'autre
Elles se remplient
l'une de l'autre.
Suzâme
(3/12/11)
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Sa petite robe chasuble, simple et légère, ses escarpins de jeune fille juste un peu réhaussés pour exposer ses longues et jolies jambes bien dessinées, Isa attendait, pendant une nuit d’été incroyablement lourde, le dernier bus avant minuit. Elle sortait des entrailles bruyantes d’un théâtre, encore ravie de cette pièce de boulevard.
Brusquement une averse l’a surpris ainsi que quelques passants aux ombres furtives. La pluie était presque agréable pourtant elle prit peur. Sa solitude l’envahit. L’impression d’être seule dans la capitale. Avait-elle conscience d’être trempée ?
Que faire ? Le beau tissu imprimé qui enveloppait à peine son corps en début de soirée, la moulait, révélant des formes séduisantes qu’elle avait oubliées.
Prise au piège du déluge soudain, certes un peu tard, elle se recula sous le porche d’un commerce qu’elle n’avait pas identifié. Adieu la souple et harmonieuse ondulation de ses cheveux châtains roux. Elle était inondée de la tête au bout des pieds. Patienter stupidement en espérant que la nuit sèche son apparence devenue ridicule ! Elle n’eut pas à appréhender plus longtemps sa situation. Elle ignorait que sa posture de rêve faisait l’admiration de celui qui la contemplait depuis le début de l’intempérie.
Lui, le buste bien enveloppé, entouré d’un long tablier blanc ne résista pas plus longtemps à ouvrir la lourde porte de son restaurant qui soutenait le dos humide, les hanches fines de son apparition féminine.
Elle faillit perdre l’équilibre au point de tomber dans les bras fermes de cet inconnu tandis que sa chair sans défense frissonnait tout simplement de froid.
Il s’excusa avec un sourire malicieux que sa barbe ne pouvait pas dissimuler et la pria de s’abriter dans la salle désertée depuis une bonne heure.
Isa était gênée dans un contexte où elle ne maîtrisait plus rien. Elle se sentait maladroite, timide à l’opposé de son fichu caractère épinglé chaque jour par son entourage et n’osait lui dire quoi que ce soit lorsqu’il exprima les premiers mots de civilité nocturne en lui proposant un vêtement en rechange plutôt masculin.
« - Vous ne pouvez pas rester ainsi ! Votre corps est déjà transi et votre robe ne se repassera pas sur vous. Je vais vous donner une de mes chemises. Bon, un peu large et autre chose… mon second tablier. Il fera trois fois le tour de votre taille de guêpe ! »
Elle n’arrivait pas articuler la moindre phrase intelligible et croyait rougir à chacun des regards de cet homme corpulent et chaleureux. Comment sortir de cet espace qui l’attirait ?
Isa finit par balbutier :
« - Je ne veux pas vous déranger. Il est plus de minuit. Je n’ai rien à faire ici… »
L’homme de toutes les efficacités, même séduit, même troublé par cette belle inconnue d’une quarantaine d’années ne s’en laissa pas conter. Il la guida vers le fond de la pièce tout le long de laquelle des chaises renversées sur les tables assistaient à cet imprévisible duo. Puis tout en lui saisissant virilement sa main, ils franchirent un espace magique, sa cuisine.
Isa fut conquise dès ses premiers pas, pieds nus sur le carrelage italien, par mille arômes d ’un monde qui la dévoilerait et qu’elle n’avait pourtant pas sollicité.
Il reprit leur début de dialogue d’une voix rauque et chaleureuse :
« - Je vous laisse vous métamorphoser. C’est tout ce que j’ai. »
Il joua à s’éclipser derrière les deux battants de la porte qui vibraient pendant qu’elle se changeait et ne la perdit pas de vue au contraire. Il désirait déjà la belle qui se déshabillait, si longue, si svelte, la femme qu’il imaginait onctueuse et qu’un tissu printanier ou une vulgaire chemise magnifiait, que la nudité révélait comme le plus beau des fruits offerts à un homme. Il regardait avec concupiscence ses petits seins en forme de pommes à croquer, sa taille menue qui tiendrait dans ses paumes démesurées et le reste plus intime était à deviner.
Isa retenait une panique imminente. Elle ne supportait pas les lieux étrangers à ses repères quotidiens. Otage d’un paradoxe que nul n’aurait imaginé pour une fille aussi introvertie qu’elle. Elle hésitait entre le désir de s’échapper de cette auberge au décor envoûtant ; miroirs et tableaux de sanguines nues se reflétaient ; et le plaisir nouveau de découvrir tous les parfums de cette alcôve irrésistible.
Il lui proposa un café gourmand avec un soupçon d’absinthe. Elle osa un mot qu’elle répéta bêtement trois fois : « Merci… »
« - C’est tout ! renchérit-il avec une joie manifeste.
J’ai l’air d’une godiche et je suis moche comme tout…
Mais non ! Bien au contraire ! N’êtes-vous pas mieux ainsi ? Oh et puis et si on décidait ici, maintenant, de se tutoyer. La pluie permet tout, n’est-ce pas ?
Je ne sais pas si … On ne se connaît pas.
Ils étaient installés ainsi. Elle, assise sur une fesse, refusant le confort de la banquette rouge en retrait des fourneaux, la banquette de feu du chef cuisinier et lui, en face d’elle installé bien au fond de sa chaise. Soudain, il ne put retenir davantage les convenances et confia sans détour à celle qui était désormais si vulnérable.
« - Je m’appelle Georgio et depuis le début j’ai envie de vous. Qu’est-ce que je dis ? J’ai envie de toi. Tu m’attires. Oui, tout me plait chez toi. Chut ! Ne me répond pas. Je suis fou de ta présence. Tu sais, la tentation est reine dans ce lieu de succulence. »
La grande Isa se serait bien enfuie subitement. Elle avait peur d’elle-même, de ses sens qu’elle n’écoutait plus depuis un siècle. Et pourtant elle céda à la large main chaude de Georgio entourant la sienne alors qu’elle tenait fébrilement son élixir trop sucré.
C’est à partir de ce rapprochement inégal - il ignorait son prénom, ses intentions – que tout bascula et ce fut comme un délire de caresses folles, de baisers insensés.
Elle se croyait raide à pleurer, peut-être même insensible depuis ses années d’abstinence volontaire mais sous l’emprise de cet homme qui s’était à demi dévêtu et appuyait sur elle son torse soyeusement velu, elle résista un peu comme un arc tendu, prononça plusieurs fois un mot doucement négatif mais sans conviction puis délivra ses pulsions, sa sueur, son odeur, son corps, son être.
Tout en se déshabillant d’une main, il avait approché une desserte garnie de verrines variées pour stimuler tous leurs goûts.
Sans la prévenir, il lui fit déguster une gelée de gingembre sur le bout de sa langue en un baiser fondant puis de ses doigts qu’il trempaient comme cuillères dans les petits pots du diable, il badigeonna les seins de son amante apprivoisée, son ventre, son nombril, son île de Vénus.
Isa enivrée d’amour à son tour chevaucha cet être enrobé et brûlant de désirs pour elle, la femme désert comme elle se surnommait avant cette rencontre fortuite.
Il aima son audace cavalière qui l’excitait jusqu’à la lune mais rêvait encore de la couvrir de toutes ses mixtures, crèmes à la vanille, aux noisettes et au chocolat, gelées de gingembre et de framboise, de groseille qu’il lècherait avidement sur sa chair dont il s’était épris dès le premier instant. Il s’en dégagea avec une force, une souplesse, une adresse presque animales et la rejoignit cette fois-ci sans plus de contrôle, aimanté par l’endroit des délices, se fondant à l’autre, celle qui recueillait sa source. Il renouvela sans compter ses assauts d’amoureux, fier de son membre délicieusement vigoureux.
Leurs soupirs alternés de cris atténués par les bruits sourds des armoires frigorifiques ne sortirent pas de ce temple improvisé. Ils étaient simplement heureux d’être, heureux de s’aimer. Est-ce si grave ?
L’amour serait-il un des antidotes à la solitude ? Ah non ! Ici, pas de philosophie, que de la gourmandise, rien qu’une fête aux désirs un soir de pluie.
Suzâme
(11/12/11)
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